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« Remettons-nous à écrire ! » : Séverine Rouland veut nous réconcilier avec l’écriture à la main

OUEST-FRANCE – AURAY
Sibylle LAURENT. Publié le 05/09/2023 à 09h00

« Remettons-nous à écrire ! » : Séverine Rouland veut nous réconcilier avec l’écriture à la main

Séverine Rouland vient d’installer Happy Cursive à Plumergat (Morbihan), un cabinet de « graphoéducation » qui vise à réapprendre aux enfants et aux parents à écrire. Car l’écriture, c’est bien plus que quelques lignes couchées sur le papier.

Séverine Rouland aide les enfants et les adultes à corriger le geste d’écriture. Elle prépare également une formation pour les professeurs des écoles et souhaite intervenir dans les crèches.

Quel souvenir d’écolier gardez-vous ? Celui du plaisir d’écrire, d’enrouler les pleins et les déliés, de faire courir sur la page le stylo-plume préféré ? Ou la torture, celle de faire baver le stylo, être illisible ou écrire trop lentement…

Séverine Rouland est là pour ça : redresser tous les cassés de l’écriture, ceux qui ne savent pas ou mal écrire et qui bloquent dans le monde professionnel ou scolaire. La jeune femme vient en effet d’installer Happy Cursive à Plumergat (Morbihan), son cabinet de « graphoéducation ». « Une méthode encore peu connue, qui s’appuie sur des observations et des exercices qui vont permettre de corriger le geste d’écriture, pour en acquérir une à la main lisible, rapide et confortable », explique-t-elle.

« Indispensable pour l’apprentissage »

En regardant bien, Séverine Rouland et l’écriture, c’est une longue histoire. « Pendant quinze ans, j’ai été chargée de communication en entreprise, détaille-t-elle. Je me suis reconvertie il y a quelques années pour être éducatrice Montessori. Et j’en suis venue à la graphoéducation, car je ne trouvais pas ce qui me convenait en termes d’apprentissage de l’écriture. » Et la matière lui a tellement plu qu’elle s’est formée et a décidé de lancer son cabinet.

Forcément, à l’ère des claviers, alors que sont rangés les encriers et les cahiers, la question brûle : est-ce que ça sert encore à quelque chose aujourd’hui de savoir écrire ? Forcément, Séverine Rouland dit oui ! « C’est indispensable en termes d’apprentissage, car le cerveau va imprimer et mémoriser beaucoup plus qu’avec un clavier, où le mouvement est très répétitif, automatique. Des études faites auprès d’étudiants sur la réussite à des concours, montrent que ceux qui écrivaient leur cours à la main obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui écrivaient à l’ordinateur. » Et mieux, analyse-t-elle, « l’écriture touche aussi à l’intime : quand on gratte un peu derrière les soucis d’écriture des adultes, on en revient souvent à l’enfance, des blocages qu’il a pu y avoir. Il y a une question de réparation, pour se réconcilier avec son enfance… »

« Écrire, c’est une attention »

Séverine Rouland le constate, l’écriture est de moins en moins bien maîtrisée. « On consacre beaucoup moins de temps à cet apprentissage de l’écriture à l’école que nos grands-parents ou parents. Cela se voit même au niveau du corps enseignant : dans la formation initiale des professeurs des écoles, il n’y a plus de module dédié à l’apprentissage du geste d’écriture… »

Réapprendre à écrire, cela passe aussi par des choses très simples, comme le choix du stylo. « Les professeurs conseillent souvent des stylos à bille et à friction, avec une encre qui ne coule pas bien, explique-t-elle. Je conseille plutôt les encres gel. »

Chacun arrive dans son cabinet avec des problématiques différentes. « Cela peut être des enfants qui ont des lenteurs d’écriture, qui ont mal quand ils écrivent… Chez les adultes, certains ont besoin de réapprendre à écrire dans un objectif professionnel, d’autres de pouvoir se relire… » Ce qu’elle assure, c’est que « ce n’est pas de notre faute. Nous allons ensemble trouver la cause et des solutions pour retrouver une écriture efficace. En travaillant la prise de crayon, le mouvement… et créer de nouveaux automatismes dans le cerveau. »

Et, en amoureuse de la pratique qu’elle est, Séverine Rouland en est sûre : l’écriture ne disparaîtra jamais. « Elle fait partie de notre humanité. Écrire à la main, c’est aussi réfléchir à sa pensée, choisir les bons mots. Recevoir un mail ou une carte postale de vacances ne fera jamais le même effet : c’est aussi toute l’attention qu’on porte à la personne. Il y a quelque chose de personnel, d’authentique, d’humain, que l’on perd à travers l’écriture numérique. On en a encore plus besoin avec l’arrivée de l’intelligence artificielle, où tout devient automatique et répétitif. Remettons-nous à écrire ! »

Détails sur happycursive.fr ou severine@happycursive.fr